Après des décennies sulfureuses et cinq ans de fermeture, les Bains Douches ouvrent à nouveau en format hôtel de luxe, 24h sur 24, dans quelques jours…
L’escalier fourmille. Les cartons vides sont catapultés sur le trottoir tandis que des invités s’engouffrent à toute vitesse dans un vestibule tamisé. Au milieu de cette effervescence, un ouvrier à genoux, repasse minutieusement sur la porte d’entrée un coup d’enduit à «séchage rapide». Et pour cause. L’établissement les Bains Douches, situé au 7 rue Bourg-l'Abbé, dans le 3e arrondissement, doit accueillir à nouveaux ses oiseaux nocturnes, mais aussi (désormais) diurnes, le 24 mars. A quelques finitions près.
«On nous met la pression mais ce ne sera jamais prêt»
«C’est encore en chantier. Mais tout sera prêt le 24 mars pour accueillir une clientèle qui pourra alors déjeuner, dîner, assister à des concerts, danser et dormir», assure à 20 Minutes un proche de l’établissement, transformé en hôtel de luxe ouvert 24h sur 24. Sur place, les ouvriers sont moins confiants. «Sans mentir, il reste du boulot. On nous met la pression mais ce ne sera jamais prêt avant la fin du mois. Surtout pas la boîte de nuit où il faut encore régler l’électricité», souligne un ouvrier.
Mais en attendant et malgré les travaux, la fête a, elle, déjà repris ses quartiers. Vendredi 6 mars, l’aftershow du défilé Dior a fait office de soirée de lancement de ce lieu en jachère depuis cinq ans. Et au passé sulfureux.
Sexe, drogue et piscine
Marcel Proust, Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat, Naomi Campbell, David Bowie, Mick Jagger, Joy Division, R.E.M, Depeche Mode… La liste est longue et s’étale à travers les âges depuis plus d’un siècle.
Les Bains Douches sont construits en 1885 et exploités par la famille Guerbois pour accueillir les thermes privés de la capitale. «L’espace fut un temple de massages, bains sulfureux, japonais, russes et turcs, on pouvait choisir de nager dans la piscine ou même de se faire porter un bain à domicile», mentionne le site Web de l’endroit.
>> Les années folles des Bains-Douches. Voir le Diaporama
Les Bains deviennent par la suite une boîte de nuit dans les années 1970. «S'y engouffrent les stars, l'argent, la création, le sexe, l'amour, et la première drogue de ces nuits blanches: la cocaïne», évoque la quatrième de couverture du livre Dix mille et une nuits, écrit par Hubert Boukobza, le propriétaire du fonds de commerce et gérant de l’établissement dès 1984. Mais au début des années 2000, le départ des directeurs David et Cathy Guetta fait office de gueule de bois. Jusqu’au coup de grâce.
De la fermeture pour «péril grave» au «nouvel âge d’une très longue vie»
En 2010, la Préfecture de police de Paris annonce par un arrêté préfectoral la fermeture de l’établissement en raison de fissures sur l'immeuble faisant courir un «péril grave et imminent» à ses clients. Les Bains Douches meurent. Inconcevable pour certains.
Afin de sauver l’endroit, la Société des Bains voit le jour sous l’impulsion de Jean-Pierre Marois, il y a quatre ans. Le projet d’un hôtel de luxe prend alors vie et les travaux commencent en mai 2013. Entre-temps, l’endroit de 3.000 m2 inoccupés revit façon fantôme, en se mutant en une résidence d’artistes, avec en ligne de mire ce 24 mars.
>> Les Bains-Douches: Un jour un artiste
«Nous avons gardé l'esprit des Bains mais version 2015, avec une vision créative et l'histoire mythique d'un lieu qui accueillera toutes les personnes ouvertes sur le monde», détaille une personne proche de l'établissement. De son côté, Jean-Pierre Marois note, lui,, sur son site, «le nouvel âge d’une très longue vie à venir» décrivant «un lieu chic, mixe, inventif, transculturel, bohème, historique, élégant, accueillant… inédit». Après, les derniers coups de perceuse.
viaLes Bains Douches vivent leurs ultimes travaux pour une réouverture le 24 mars - 20minutes.fr.